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EXPOSITION HITTINGER
 

CHRISTOPHER HITTINGER : 1 Sept -02 Oct

Chez Aaapoum Bapoum, on ne vend pas de neuf, ou presque. Vous trouverez l'intégralité du catalogue Cornelius, quelques livres du Lezard noir, de Vertige graphic, IMHO et de Hoochie Coochie. Hoochie Coochie, mais c'est qui eux?

Eux, ne tortillons pas des fesses, forment le groupe d'auteurs émergents le plus intéressant du moment. Et parmi eux, toujours, se trouve Christopher Hittinger, un auteur qu'on aime particulièrement et que Stéphane avait défendu très tôt pour son livre Les Déserteurs.

Aujourd'hui, ce même Christopher Hittinger publie un port-folio, vraiment beau: Les Géants, véritables figures fantasmés tirées des mythologies les plus diverses. On pense à Swift mais aussi à l'univers poétique de Shadow of colossus. Ces êtres hors-normes mal adaptés évoluent pourtant avec grâce dans notre univers.

Pour marquer l'évènement, l'intégralité des planches est exposée jusqu'au 02 octobre dans notre échoppe de la rue Serpente. Nous ne faisons pas de vernissage! Par contre, on fêtera dignement le décrochage, le 30 septembre, avec une séance de dédicace et notre traditionnel apéritif festif. En attendant, venez contempler et peut-être acheter l'un des impressionants dessins originaux de Christopher. Voici quelques photos piquées sur son blog pour vous mettre l'eau à la bouche.

Pour voir son blog, rendez-vous ici

 
TONOHARU de Lars Martinson
 

Parler de l’autre avec des mots à soi. C’est un projet élémentaire, certes, mais parfaitement adapté à Tonoharu, cette petite chronique d’un américain exilé pour quelques années dans la campagne japonaise. Comment évoquer ce pays lointain, sa temporalité étrange, sa société impénétrable… sans retomber dans l’orientalisme ou encore servir la soupe populaire du mono no aware, cet éloge romantique japonais du temps suspendu que reflète la nature ou le décor?

Evidemment, en temps normal, ce refus de l’orientalisme serait le « minimum syndical » à exiger d'une écriture du voyage. Sauf que, perdue dans une époque où les jeunes produisent à la chaîne des mangas à la française (hérésie), où les épopées franco- belges japonisantes nourries aux samouraï et aux poncifs philosophiques inondent les rayons, cette petite chronique d’un américain qui souhaite simplement communiquer la solitude et la mélancolie provoquées par le choc des cultures apparaît salvatrice.

On s’amuse, à l’évidence, des déconvenues tragi-comiques du petit enseignant étranger, égaré dans le vide de la campagne nipponne, en perpétuelle quête d’une relation amoureuse, en constante butte aux malentendus et à l'embarras. Mais la qualité dominante, c’est cette écriture diablement contagieuse à travers laquelle l’immuabilité pesante du quotidien est retranscrite. Ces canevas de quatre cases par page, ces décors et paysages fossilisés par des myriades de hachures étouffantes, ces environnements répétés à l’envi avec le même cadrage, transcrivent parfaitement et d’une manière unique cette temporalité ralentie que les occidentaux attribuent au Japon, ces silences qui s’étirent, parfois jusqu’à l’épuisement.

Dans Tonoharu, in fine, l’auteur veut faire toucher du doigt l’expérience d’une vie d’expatrié au Japon. Personnellement, je ne pense pas m’y installer tout de suite.

Tonoharu, de Lars Martinson, 270 pages, éditions Lézard noir, en vente chez AAAPOUM au prix de 23 euros. (Pour voir quelques pages intérieures, en anglais malheureusement, cliquez ci-dessous)

 
Soirée Hugues Micol.
 

Youhouhou, demain soir c'est la fête chez AAAPOUM

Venez nombreux jeudi soir au vernissage de l'exposition Hugues Micol. A partir de 18H, séance de dédicace et mondanité seront au rendez-vous au 14 de la rue Serpente. Les magnifiques planches de son dernier album, Le Chien dans la vallée de Chambara, seront exposées. Nous avons même pour l'occasion retrouvé quelques vieilles oeuvres épuisées, pour les collectionneurs qui voudraient profiter de l'occasion pour se faire dédicacer des livres plus rares.

Quant aux autres, un bon verre de vin et quelques considérations entre passionnés de bande dessinée seront bien assez pour passer un excellent début de soirée.

Au plaisir de vous voir.

 
Soirée LITCHI HIKARI CLUB
 

Venez nombreux, vendredi prochain le 27 mai, à partir de 18h, faire la fête pour le lancement en avant-première de l'édition française de Litchi Hikari Club, étonnante adaptation en manga d'une pièce de théâtre des années 80...

 Litchi Hikari Club, c'est le nom d'une pièce de théâtre de la troupe underground Tokyo Grand Guignol dans laquelle une bande d'étudiants dépravés cherche à orchestrer la fin du monde. Dissension et défiance, rapidement, germent au sein du groupe, et l'appétit des protagonistes pour le sang se retourne alors contre eux.

Meurtre par éviscération, viol à la barre à mine, démembrements en série opérés par un robot alimenté aux litchis comptent parmi les atrocités mises en scène dans ce livre avec une crudité raffinée. Et pour cause, violence et frontalité confinent à l'absurde car c'est précisément ce que commandent les codes d'un genre littéraire japonais voué à la contestation sociale.Alors vous voilà prévenus, Litchi Hikari Club peut apparaître dénué de sens, d'une violence incompréhensible, et parfois même d'une débilité profonde, mais c'est à travers ces spectacles aux traits culturels très marqués qu'une jeunesse espérait se libérer du poids d'un Japon sur le point d'exploser sous la contestation sociale.C'était la folie pure comme échappatoire à la réalité.

 
Pierre la police en dédicace
 

Venez nombreux le vendredi 20 mai, à partir de 17H, rencontrer le mystérieux Pierre la Police dans notre librairie de la rue Serpente.

L’homme sera à même de répondre à vos questions les plus retorses, qu’elles portent sur le rôle du chien dans la société civile ou sur des bienfaits de la télévision sur les sourds.

Au passage, il en profitera pour dédicacer ses livres, aux éditions Cornelius, dont les trois somptueuses et récentes rééditions de Top Télé Maximum, Attation, Nos meilleurs amis et l’acte Interdit, du mois d’Avril. 

Évidemment, vous trouverez égalementposés sur nos étals Les Demoiselles de Viennes ou La Balançoire de Plasma, qu’il se fera un grand plaisir, ou pas, de signer.

Y’aura des cahouettes et du soda, des derviches tourneurs, des libraires hilares.

Alors venez nombreux... 

 
Opération "remise contre chocolat"
 

Lundi, c'est Pâques.Du coup, les horaires d'ouverture sont changés.

Nous vous accueillerons entre 12h et 19h ce lundi là dans les échoppes de la rue Dante et de la rue Serpente.

Et si vous venez nous voir un ballot de chocolat à la main, nous vous ferons 10% de remise ce jour là.

C'est l'opération "Remise contre chocolat : tu nous remplis ventre, on te remplira tes sacs"

À lundi.

 
Portfolio "7 sérigraphies 1 Lithographie" de Bob de Moor
 

Vlad et Bob

Vlad, qui a grandi en lisant Cori le Moussaillon, est très fier de notre nouvelle acquisition. Un très grand porfolio de Bob de Moor, édité en 1985 par les Editions Ligne Claire à Bruxelles.  Son titre indique assez fidèlement son contenu. Il faut de plus y ajouter une planche de présentation. Chaque planche est signée. Il en existe 75 exemplaires numérotés.

Tous les styles du fameux collaborateur d'Hergé y sont représentés. Comme l'objet est délicat à manipuler, nous ne le descendrons que rarement de son perchoir. Pour vous faire une idée de son contenu, allez donc faire un tour sur bobdemoor.canalblog.com.

Nous vendons cet objet très encombrant au prix modique de 600 euros. On peut envisager une réduction de 20 euros pour les abonnés à notre niouzeletter.

 
Une vie dans les Marges
 

Ou la naissance du manga...

Une vie dans les marges vient d’arriver en magasin. Autant le dire, c’est l’évènement éditorial du premier trimestre. Personnellement, je parie même pour un prix du meilleur album au festival d’Angoulême 2012. Toutes les conditions sont réunies pour que l’autobiographie en deux volumes de Yoshihiro Tatsumi remporte le premier prix.

Il y a tout d’abord le travail de mémoire : Une vie dans les marges retrace le parcours du père de la bande dessinée adulte japonaise, le Gekiga. Inventé vers la fin des années 50, le gekiga se voulait une bande dessinée au langage différent, plutôt dramatique, et aux thématiques adultes, le plus souvent contemporaines.

Au cours de sa carrière, Yoshihiro Tatsumi croise les plus grands noms, assiste et participe au boom de la bande dessinée, regarde son pays se reconstruire sous l’influence de l’occupant américain. C’est le témoignage d’une époque clé, durant laquelle le manga devient un support d’expression extrêmement populaire, une bande dessinée dont l'influence sur la socièté sera bien plus grande que dans n’importe quel autre pays, et dont les plus grands acteurs sont morts.

Enfin, il y a la qualité de fabrication. Le livre est splendide. Couverture cartonnée, cahiers cousus, jaquette avec un poster à son verso, préface et postface uniques à l’édition française, signées par son éditeur japonais… forment un écrin de toute beauté à cette peinture d’un monde en mutation, d’un art en devenir, et de ses artisans, des hommes simples, en butte à leur propre limites comme à la société, aux aspirations merveilleuses, et aux doutes d’une profondeur impénétrable.

C’est la naissance de la bande dessinée japonaise moderne, le manga que vous avez toujours connu comme s’il avait de tout temps existé, qui se joue entre ces pages. Et pour rien au monde vous ne voudriez manquer ça.

Une vie dans les marges, Yoshihiro Tatsumi, 452 pages, 33 euros, dans nos librairies.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici la bande annonce de l'adaptation animée à sortir prochainement...

 
Daredevil, génial et rare, sublime et cher
 

Depuis ses débuts, ce blog ne manque jamais une occasion de faire l'éloge de Brian Michael Bendis, scénariste de comics qui excelle dans le mélange des genres superhéros et polar. Dialogues vifs, découpages ingénieux, capacité à régénérer les vieux mythes, sont ses principales qualités. Alors, plutôt que de bégayer, mieux vaut vous informer de la rareté de certains de ses titres désormais, et du prix exorbitant auquel ces petites merveilles de bande dessinée s’échangent.

Ce matin, nous avons récupéré son cycle complet de Daredevil, soit 9 tomes, pour 250 euros. Dépêchez-vous, nous sommes vraiment à prix raisonnable, comparé à Internet en ce moment.

Je vous poste ci –dessous une critique faite en 2007 pour Chronic’art, ainsi que deux liens vers deux anciens et élogieux billets du aaablog.

 Daredevil, Bendis & Maleev, Panini Comics

Daredevil, le superhéros ambigüe par essence. Un costume de diable rouge, une relation équivoque à la foi chrétienne (le justicier a tué de manière involontaire) sculptent une figure bien moins lisse que celle de ces congénères. Assumée depuis sa création, cette ambigüité revendiquée se caractérise par la mise en avant d'un statut de martyre, avant même celui de justicier. Toute bonne action arrache en contrepartie à cet homme quelques copeaux de son âme, de son humanité ; le sacerdoce a débuté cette matinée ensoleillée de l'enfance où il se jette dans les roues d'un poids lourd pour en écarter un aveugle de sa route. Il en perd lui-même la vue. S'enchaînent depuis, et aujourd'hui encore, deuils et relations amoureuses avortées dans la douleur ; une vie d'horreur.

Ce n'est donc pas un hasard s'il figure parmi les premiers héros de l'écurie Marvel dont les aventures sont rythmées à grands coups d'évènements quotidiens poisseux. Dépressions nerveuses à répétition ou ex-petite amie héroïnomane capable de révéler son identité secrète à la pègre contre une dose, sous-tendent une violence psychologique rare dans le monde des lectures destinées aux enfants (Pour la petite anecdote, les bambins français de Strange n'y auront vu qu'une pauvresse affamée contraint d'échanger le nom de son ancien chéri contre un quignon de pain, merci aux traducteurs attentionnés des éditions Lug de l'époque).

Avec Bendis et Maleev, puisque leur version se destine uniquement aux adultes, les désordres intimes de Daredevil n'ont plus d'entrave. Un choix qui se revendique immédiatement dans l'image : ambiance de polar urbain et graphisme photo réaliste flattent l'horreur des rues américaines, tandis que le trait nerveux instille saleté et instabilité à chaque image. Se détache alors de ce décorum glauque le rouge ardent du costume, lumière éclatante mais dont le problème est qu'on ne sait jamais quelle valeur morale elle va désormais incarner.

Perte de repère, perte des valeurs, autant graphique que dramatique : Daredevil s'est institué chef local de la pègre, dernière solution en date pour tenter de réguler le crime organisé. Selon la coutume, il a cédé un morceau de son être ; cette fois son identité secrète -plus moyen d'être tranquille chez soi et mise en danger des proches- et l'amour du public, dont il n'a plus la confiance. Le Décalogue, nouvel opus qui s'appuie sur une longue tradition, montre la difficulté pour le héros de revendiquer une stabilité morale, de tomber dans un manichéisme rassurant avec échelle de valeurs limpides, avant de mieux conclure qu'il lui sera même désormais impossible d'y arriver. I'am your God titre la couverture, mais qui veut d'un diable aveugle comme Dieu bienveillant ? Personne, pas même à Hell's Kitchen (cuisine de l'enfer, quartier pauvre de New York) où Daredevil opère depuis ces débuts. L'échec de cette nouvelle politique est inévitable et le justicier commence à en prendre la mesure. Que va-t-il perdre ? L'éventail des possibles n'est pas large et glace le dos par avance. Que de sacrifice en perspective.

Eloge de Brian Bendis sur le Aaablog

Daredevil, ange ou demon sur le Aaablog

 
Moomin et sa famille ont débarqué chez aaapoum
 

Une jolie série d'occasion vient d'arriver dans nos échoppes de la rue Serpente, plutôt en bel état, avec des prix oscillant entre 9 et 14 euros en fonction du volume. Du coup, je vous fais le coup de recyclage de veilles critiques, ce qui, comme tout recyclage, est très en vogue depuis la faillite du nucléaire.

Les Moomins, Tove Jansson, Petit Lézard .

Le patrimoine culturel nordique compte une ribambelle de dieux guerriers, mais aussi lesMoomins, famille de créatures délicates et fragiles qui tiennent autant de l'hippopotame que des Barbapapa. En Finlande, leur pays d'origine, ce sont des trésors nationaux.

Une collection de livres pour enfants, de bandes dessinées, de séries animées, un musée et un parc d'attraction, leur est dédiée, ce qui fait de Tove Jansson, la créatrice, une sorte de Walt Disney local. Un statut mérité, l'œuvre est un bijou. Sans l'ombre d'un doute, les comic strip des Moomins méritent leurs places aux cotés des Peanuts, Mafalda, Calvin et Hobbes, de même que les romans pour enfants originaux n'ont pas à rougir de notre Petit Prince national. 

Pour la légende, cet étrange proto hippopotames vivant benoîtement au creux d’un vallon merveilleux serait né en 1930 sur une porte de WC de jardin, avec « créature la plus laide du monde » et le nom de Kant en sous texte. La jeune femme venait de perdre un débat contre son frère à propos du philosophe, et telle était sa réponse. Depuis, le design s'est étoffé en douceur, mais l'engagement et le monde des idées ne les ont pas quitté.

En 1940, ils s'installaient dans une vallée à leur nom, confectionnée sur le moment en réaction à la montée du fascisme. Et après-guerre, cette utopie continua de prospérer sous diverses formes, parmi lesquelles figure la version en comic strip. Commandée par un quotidien londonien en 1950, on y retrouve les thèmes de tolérance et d'ouverture qui caractérisent l'œuvre. Ceux-là même qui façonnèrent la vie de l'auteur, héritées de parents artistes bohémiens, et d'une mère issue de la minorité ethnique des suédois de Finlande. L

'édition française, dont on ne peut que vanter les qualités, plus épaisse, peu chère, traduite avec soin, est l'occasion rêvée de découvrir cet univers poétique assez méconnu en France.