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BENNES DESSINÉES, ÉDITIONS CARTON
 

Puisqu'à Paris la grève des éboueurs semblent proche de sa fin, il est temps de parler de camions poubelles. Attention c'est un peu dingue ce projet, presque du The Hoochie Coochie.

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En 1986 la ville de Lyon dans une fièvre de communication toute bédéphile fit décorer ses camions poubelles par des affiches réalisées par des dessinateurs de BD. L'agence publicitaire qui monta l'opération pris les éditions Carton, sises à Lyon, comme partenaires pour éditer le livre de la campagne. Quand on s'appelle Carton faut pas trop s'étonner.

Tiré à 1200 ex. numérotés plus quelques hors commerce, l'ouvrage se révéla atteindre un coût de fabrication faramineux en raison de sa découpe audacieuse pour l'époque (les imprimeurs chinois ne faisaient pas encore ça pour une bouchée de pain...), et les éditeurs pensèrent que le prix de vente public seraient trop dissuasif et cherchèrent à ajouter un bonus au livre pour compenser. Ils projetèrent alors d'acheter des petites voitures bennes de chez Majorette™ et de leur coller à la main de petites vignettes reprenant l'affiche de Chaland... Emballé c'est pesé, sauf qu'ils ne trouvèrent que 300 voitures... Pour un tirage de 1200, c'est évidemment trop peu.

Alors ces voiturettes furent offertes aux libraires amis, aux journalistes influençables et aux libraires pas amis mais qui commandaient en ferme 5 exemplaires de Bennes dessinées. Cette Majorette™ (alors fabriquée en France) est donc assez rare et même si elle n'est pas encore mentionnée au BDM, on peut raisonnablement considérer qu'elle double le prix de l'ouvrage lorsqu'elle lui est adjointe. En tous cas c'est ce que nous nous considérons. Nous vendons donc l'ensemble pour 120 €. Excellent état.

Et le contenu alors ?et bien il y a des illustrations malignes et faite exprès pour, il y en a à d'autres qu'ont avait pu voir ailleurs et qui sont bien utilisés dans le cadre, d'autres qui sont dispensables ou peu appropriées, mais l'ensemble est un bel objet, même si sa reliure spiralée en plastique noir fait un peu projet de fin d'études. La benne elle-même et ses employés sont dessinés par Yves Chaland. Pour complaire aux moteurs de recherche nous citerons ci-dessous tous les autres participants :Jano, Floc'h, Loustal, Margerin, Cleet Boris, Avril, Walter Minus, Swarte, Ted benoit, Piccolo, Petit Roulet, Ever Meulen, Jean-Claude Denis, Kent, Masse, Serge Clerc.

Sinon voici quelques photos supplémentaires :

Ah oui, notre exemplaire est un Hors-commerce, ce qui explique en partie que nous ayons la voiture avec et toutes ces bonnes informations. Qui dit Hors-commerce, dit proche collaborateur de l'opération. Bonne soirée.

 
LES MURAILLES DE SAMARIS
 

Il y a déjà un moment que je voulais vous en parler, chers collectionneurs qui lisez parfois ce blog, mais je n'ai pas trouvé le temps. Comme il y a plus d'un mois que nous n'avons rien publié ici, je sens que c'est l'occasion. Voilà, je suis au regret de vous annoncer, qu'à mon avis la première édition de la toute première histoire des Cités obscures des vénérables François Schuiten et Benoît Peeters est surcotée...

Datant de 1983 Les Murailles de Samaris est effectivement coté 55 € au BDM et BDgest indique carrément une fourchette de prix allant de 50 à 75 €. Or notre petite expérience nous a appris qu'il est très dur de vendre cet album à ces prix. Dans les 30 euros oui, il part, mais pas au dessus. D'ailleurs il est trop fréquent pour être vendu à ces prix. La preuve nous en avons bien une dizaine en stock !

La réédition de 1984 est sensiblement plus rare et elle me paraît plus recherchée et mériter sa cote de 30 €. La raison en est qu'elle contient deux planches de plus, la fin de l'album y étant remontée et augmentée.

Outre une proposition de rectification de cote, je voulais vous annoncer que nous réalisons à partir d'aujourd'hui rue Dante une promo sur cette EO. Nous vendons donc nos exemplaires à 15 €, ce qui est tout à fait intéressant (j'en garde un à 30€ pour le futur !).

La mise en page diffère entre l'édition de 1983 et celle de 1984, qui contient deux planches de plus.

La mise en page diffère entre l'édition de 1983 et celle de 1984, qui contient deux planches de plus.

 
LES FEMMES DU MOYEN ÂGE DANS LA BD
 

Une soirée co-organisée avec Bobine & Parchemins Le Samedi 28 mars à partir de 17h30 avec Valérie Mangin, Jeanne Puchol et Christopher Hittinger.

Dans le cadre du festival Bobines et Parchemins qui se consacre à la représentation du Moyen Âge au cinéma et qui pour sa troisième édition s'intéresse de plus près aux femmes du Moyen Âge, nous accueillerons ce samedi Christopher Hittinger, Valérie Mangin et Jeanne Puchol.

Si Christopher n'est pas une femme, nos clients ont forcément croisés ses livres dans nos librairies. Son Le Temps est proche (éd. The Hoochie Coochie) qui ne raconte pas moins que l'histoire du XIVe siècle dans son entier (mais limitée à l'Europe occidentale, faut pas pousser !) est toujours exposé chez nous. Pour ceux qui ont le temps de lire je vous conseille cette interview de Christopher sur le site Histoire médiévale, réalisée par William Blanc, qui animera également la soirée de samedi.

Jeanne Puchol débuta aux éditions Futuropolis canal historique dans les années 80. Elle signe en 2012 avec la scénariste Valérie Mangin une vision féministe et orientée paganisme et sorcellerie de l'histoire de Jeanne D'Arc, dans Moi, Jeanne D'Arc aux éditions Des Ronds dans l'O. Cette histoire avait d'abord connu un début de publication en couleurs chez Dupuis l'année précédente alors simplement intitulée Jeanne D'Arc.

Pourquoi ce changement d'éditeur ? Et bien c'est une des questions que vous pourrez poser aux auteurs demain soir.

Si William Blanc anime le débat avec autant d'allant qu'il montra à la soirée Prince Valiant, le samedi devrait commencer de manière rejouissante pour tous les participants.

Ensuite les auteurs seront tous disposés à dédicacer les livres que vous aurez acheté chez nous et éventuellement ceux achetés ailleurs s'il n'y a pas trop de monde.

Seront disponibles à la vente :

Moi, Jeanne D'Arc de Jeanne Puchol et Valérie Mangin, Des Ronds Dans l'O, 96 p. n&b, 17,50 €. EAN : 9782917237342

• De Christopher Hittinger chez The Hoochie Coochie :

Le Temps est proche, 100 p. n&b, 20 €. EAN 9782916049274

Les Déserteurs, 80 p. n&b, 23 €. EAN : 9782916049090

Jamestown, 232 p. n&b, 20 €. EAN : 9782916049052

Lieu commun, une histoire de 24 p. dans la revue "3" n°3, 88 p. n&b, 12 €. EAN : 9782916049472

 
NINA BUNJEVAC À AAAPOUM DANTE
 

Fidèles et moins fidèles, amis ou clients bienveillants qui ne passez pas tous les jours devant notre vitrine c'est à vous que je m'adresse, vous qui n'avez pas de compte facebook et qui fuyez twitter, vous qui venez de temps en temps sur ce blog pour savoir ce qui se passe chez nous...

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Nous recevrons donc Nina Bunjevac en dédicace dans notre librairie de la rue Dante le mercredi 25 mars 2015 à partir de 18h.

Outre l'excellent Fatherland (dont vous trouverez une description assez détaillée sur notre blog ici, si vous ne connaissez pas il faut absolument suivre le lien), nous vendrons aussi son Heartless(là dessus je n'ai rien à dire car je ne l'ai pas lu, je suis un peu comme Fleur Pellerin).

Si comme moi vous ne parlez pas bien l'anglais, sachez que son éditrice française Bérengère Orieux fera une interprète tout à fait convenable.

Pour avoir une dédicace le plus poli est de nous acheter un de ses livres. Ceux qui viennent se faire dédicacer un livre acheté ailleurs seront assez mal accueillis, s'il ne comprennent pas je ne crois pas que j'aurais l'énergie de leur expliquer.

Chips, bières, jus et fraises artificielles pour les autres.

 
TANGANYIKA D'ATTILIO MICHELUZZI
 

On peut dire que nous avons pas mal de chance sur un point : il y a des éditeurs qui ont des goûts qui s'approchent des nôtres. Ainsi Mosquito s'efforce depuis des années d'éditer les inédits de Micheluzzi et de rééditer ses bandes devenues dures à se procurer.Tanganyika qui vient de paraître est de fait la réédition en noir et blanc de L'Homme de Tanganyika, publié auparavant en couleurs une première fois en France par Mon Journal (en 1984) et une seconde par Christian Chalmin (en 1986).

À l'origine cette histoire fait partie de la série Un Uomo Un'avventura : 30 albums édités en Italie par Bonelli entre 1976 et 1980 qui forme une collection prestigieuse où, outre Micheluzzi, s'illustrèrent, parmi les plus célèbres, Toppi, Crepax, Pratt, Buzzelli...

Cette histoire se passe au début de la première guerre mondiale. L'île de Zanzibar, en marge de l'Océan Indien, n'est guère éloignée de la Côte du Tanganyika. Or l'île est une possession britannique, tandis que cette partie du continent est alors dominé par les Allemands. Un croiseur de guerre allemand est justement coincé non loin de Zanzibar à une centaine de kilomètres au sud, dans le delta du Rufuji. Pour le débusquer dans la mangrove où il se cache par manque de carburant, il faudrait aux Anglais un avion... Or un bateau doit justement arriver du Cap avec dans ses soutes un hydravion en pièce détaché appartenant à un géologue américain !

Dans un style de dessin moins dépouillé que par la suite (ce fumetto est dessiné en 1978) Micheluzzi est déjà en pleine possession de son talent. Il y a là tout ce qu'on apprécie chez lui : élégance et humour, contexte fouillé et sens de l'ellipse, subtilité permanente, minutie du détail et ambiguïté des êtres. Évidemment c'est la grande aventure sur fond de monde colonial et de guerre, mais il y a cet incomparable sens du recul, cette bienveillante ironie qui fait de Micheluzzi un créateur unique et toujours moderne.

Écouter dialoguer ses personnages est toujours un grand plaisir. Dès leur première apparition ils sont tous judicieusement et succintement résumés par une parole ou un acte. Toute la tragédie à venir est déjà là en germe, les lecteurs et le narrateur complice n'ont plus qu'à en savourer les rouages.Loin du manichéisme Micheluzzi réserve un traitement équivalent aux deux camps, ce qui change plaisamment de la dramaturgie hollywoodienne. En somme Micheluzzi c'est ça : de la grande aventure comme à Hollywood dans les années 50 mais avec en plus la subtilité que confère une intelligence et une culture hors du commun.

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J'envie les lecteurs qui n'ont jamais ouvert un Micheluzzi. Ce livre-ci est parfait pour débuter, avec un prix honnête de 13 € et une bonne facture (reliure cousue, impression en Slovaquie).

Un problème de géographie

Comme nous sommes assez tâtillons, nous nous permettrons de déplorer une relecture insuffisante de la part de l'éditeur. Les nombreuses coquilles qui parsèment le livre pourraient presque en gâcher la lecture. Une d'entre elles est particulièrement dommageable car située en première planche. Elle resulte probablement d'un contresens au moment de la traduction :

"— Oui mais, nous n'avons pas d'aéroplane en Afrique Britannique.— Mais on a un géologue irlandais qui arrive demain à Capetown sur un petit vapeur pourri..."

Je n'ai pas l'édition italienne sous la main, ni même les anciennes éditions françaises, mais il me semble au vu du contexte et de la page suivante qu'il faut lire :"— Mais on a un géologue irlandais qui arrive demain de Cape Town sur un petit vapeur pourri...".

Sinon page 19 dans un récitatif, un "30°" a été méchamment transformé en "30%", ce qui ne veut rien dire, mais c'est moins grave. Ces menus défauts éditoriaux, hélas bien répandus de nos jours – aussi bien dans les grandes maisons que les petites, n'enlèvent rien à la qualité intrinsèque de l'œuvre de l'honorable maître italien que je ne saurais trop vous encourager à lire.

Pour finir quelques boni :

▲ Carte qui peut vous manquer pour jouir pleinement des situations tactiques au cœur de l'ouvrage.Extraite de "The Times history of the war, Vol. X" imprimé à Londres en 1917et lisible ici, grâce aux petites mains de l'université de Toronto qui l'ont gentiment scannépour le plus grand plaisir des curieux du monde entier.

Le véritable croiseur allemand "Königsberg" au large des côtes africaines,trouvé sur flickr grâce à Andy qui aligne là-bas une belle collection de photos de guerre

The African Queen (1951) Directed by John HustonShown from lef

The African Queen (1951) Directed by John HustonShown from lef

▲image extraite d'African Queen de John Huston,un film que Micheluzzi a certainement apprécié...Ce n'est pas pour autant que vous trouverez un rôle de femme important dans Tanganyika !

Véritables soldats indigènes de l'Armée Britannique. Photo extraite du même livre que la carte plus haut, mais également trouvable sur flickr (tapez "times history of the war" dans le moteur de recherche de cette mine, vous allez vous régaler, pour peu que vous appréciez les photos en noir et blanc de types morts depuis belle lurette).

Tanganyika d'Attilio Micheluzzi, Mosquito, 2015, 54 p. N&B. 13€ code EAN : 9782352832874

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BLUEBERRY ET LE PARADOXE TEMPOREL
 

Une pinaille de Hugues.

C'est notre vieille connaissance Hugues, grand amateur de westerns et de Jean Giraud qui a remarqué une troublante incohérence dans la fausse nouveauté Blueberry de 2007, l'album nommé Apaches qui n'est qu'un remontage aberrant des éclairs du passé montrés dans le cycle Mister Blueberry. Rappelez-vous, dans ces aventures de Blueberry vieillissant (sur fond de fusillade à O.K. Corral, octobre 1881), celui-ci évoquait sa jeunesse et sa première rencontre avec Géronimo, aux lendemains de la Guerre Civile dite par ici Guerre de Sécession (1861-1865). L'album Apaches remonte donc à la suite toutes les séquences de l'hiver 1865 et rejette toute l'action de 1881.

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À mon sens c'est aberrant parce que l'intérêt du cycle de Mister Blueberry est précisément la mise est perspective de l'expérience d'un vieux soldat. Mais bon, le service séduction du consommateur avait pris soin pour vendre cette fausse nouveauté de préciser que Apaches "comprend de nombreuses pages, images et textes complètement inédits". Hugues, qui est un vrai passionné à comparé chaque planche et a pu mesurer l'ampleur de ces ajouts. Moi je n'ai pas eu ce courage tant le projet "Apaches" me semblait vain. Si je l'avais fait aurais-je pu comme lui relever l'énorme pinaille dont je vais vous parler ?

Dans l'un de ces ajouts, deux assez belles planches qui clôturent l'album on voit un plan d'ensemble où Mike S. Blueberry se recueille devant une tombe, celle de Caroline Younger, morte à la page précédente. Ce plan d'ensemble est surmonté d'un récitatif précisant "Trois mois plus tard". Donc cette scène, se déroule au tout début de l'année 1866. Le plan d'ensemble est suivi par un gros plan en contrechamp, nous permettant de déchiffrer la stèle funéraire :

"Caroline Youngerborn jul. 1860died nov. 1881"

"Caroline Youngerborn jul. 1860

died nov. 1881"

C'est bon, vous avez vu où on voulait en venir ? La bonne Caroline ne peut être née en 1860 puisqu'elle a une vingtaine d'années au moment de l'action (1865 donc) et elle ne peut être morte en 1881, puisqu'elle meurt quand Blueb est jeune. D'ailleurs à la fin de Apaches, celui-ci part pour "Fort Navajo, un coin un peu plus tranquille qu'ici, paraît-il".

Que le vieil artiste s'emmêle un peu les pinceaux est bien pardonnable, revenir sur un truc qu'on avait bouclé est jamais très motivant, comme de remonter l'escalier le matin quand on se rend compte qu'on a oublié sa carte de bus. En revanche c'est assez consternant que personne chez Dargaud n'ait alors pensé à relire les planches, trop occupés qu'ils étaient à se frotter les mains à l'idée de tout l'argent qu'ils allaient engranger en vendant un nouveau Blueberry qui ne l'était pas.

J'ai une occaz d'Apaches à vendre rue Serpente, devinez qui me l'a revendue ? Oui Hugues. C'est une réédition de novembre (1ère édition en octobre, signe que la "nouveauté" a bien fonctionné !).

PS : s'il y en a qui ont une théorie moebusienne sur le cycle, l'anneau et le serpent qui se mord le nœud pour justifier l'anomalie, qu'ils n'hésitent pas à nous en faire part ici.PPS : il y a tellement d'exégèse et de glose sur Mœbius que tout ceci a certainement déjà été signalé sur plusieurs forums, mais moi je le découvre juste alors j'en fais part à nos clients.

 
UNDERTAKER T.1 DE MEYER ET DORISON
 

Si l'on parle ici de Undertaker T.1 : Le Mangeur d'or de Meyer et Dorison ce n'est pas parce que nous en avons à vendre, mais juste parce que je m'intéresse aux westerns.

Il se trouve que j'ai trouvé celui-ci pas mal dans l'état actuel de son développement. Ce qui est amusant parce que je l'ai empoigné en ayant plutôt l'intention de le détester.

Les raisons sont nombreuses mais pour une fois assez indépendantes de l'œuvre elle-même : l'impression que désormais écrire une histoire de l'Ouest est un  passage obligé pour couronner une carrière, une campagne de presse trop bien agencée, et pour finir cet autocollant sur le premier plat, qui proclame carrément : "LE PLUS GRAND WESTERN DEPUIS BLUEBERRY" ! Allez hop, sans complexes.

Le classique est dans le catalogue de la maison alors on va pas se gêner ! Habituellement les publicistes habillent ce genre de promo dans la citation plus ou moins fausse d'un média (un journal ou à défaut le blog de trouduc).

Là non, chez Dargaud au rayon Stimulation du consommateur on fait dans le bien lourdingue, le vulgaire. De plus, quand les codes graphiques d'une œuvre sont à ce point inspirés de celle d'un autre (en l'occurrence, oui, le Giraud de Blueberry) on devrait avoir l'intelligence de ne pas trop insister, de laissez le public y voir un hommage appuyé, et non une tactique éprouvée de séduction flattant ses sens avec ce qui les fit chavirer jadis. Cette insistance redondante se retrouve d'ailleurs dès la page de garde, où ce qui se révèlera être un bon mot du personnage principal (pl. 16), est cité et mis en exergue, désarmorçant ainsi sa force lors de sa lecture ultérieure. C'est ici la vulgarité d'un gros balourd riant de sa propre blague et apostrophant la cantonnade : "Haha ! Hilarant, non !?".

Mais vous l'aurez remarqué ces reproches s'adressent plutôt à la stratégie commerciale de l'éditeur qu'à l'œuvre elle-même.

J'ai effectivement apprécié, en vrac :• La digestion du style giraudien (?). La filiation de Ralph Meyer avec Giraud / Mœbius n'est pas nouvelle, et bien visible depuis IAN, elle est ici plus simplement plus évidente à cause du cadre du récit. Les plans d'ensemble sont très réussis, la scène de pluie à la fin aussi.• L'expressivité appuyée mais riche des personnages, notamment celle du héros.• La ludicité du scénario qui nous promet une expédition qui est sans cesse retardée. Le reserrement imprévu sur la ville.• La quatrième de couverture.• L'idée d'un croque-mort itinérant, que je n'avais pas vue ailleurs, mais peut-être est-ce par inculture.• Le fait que l'album comporte 54 planches.


L'ensemble est fort correct et achetable, mais n'est pas exempt de défauts, la vraisemblance n'est pas toujours recherchée et certaines choses sont un peu dures à avaler. Ainsi par exemple, j'aurais vraiment apprécié que lorsque un personnage se fait brûler la main, à vue de nez au "deuxième degré profond", il éprouve ensuite quelques difficultés à s'en servir, ne serait-ce que pendant une page ou deux...

Undertaker T.1 : Le Mangeur d'or de Ralph Meyer et Xavier Dorison, Dargaud, 64 p. 13,99 € EAN : 9782505061373

 
NEXUS DE MIKE BARON ET STEVE RUDE
 

Si j'avais un peu de temps devant moi et un tiers d'étagère de libre, il est probable que je me laisserais tenter par cette intégrale en 12 volumes en anglais des aventures de Nexus, par Mike Baron et l'excellent Steve Rude...Rue Dante, mon collègue a fait pour ce beau pack une étiquette qui n'est pas tout à fait véridique "série [...] inédite en France". En effet la série n'est pas tout à fait inédite par chez nous. En 2003, la valeureuse collection Semic Books en publiait un tome 1. Ce volume ne correspondait d'ailleurs pas au début de la série originale, mais en reprenait les épisodes #81, 89 et 90, ce qui donnait au recueil une tonalité elliptique assez étonnante pour qui prenait ce tome 1 pour un véritable début. Toujours est-il que malgré tout, cette sélection de Semic était fort alléchante et mettait bien en valeur les trois atouts principaux de la série :• un savoureux mélange de science-fiction et de récit super-héroïque• un univers dense dont on sent que les auteurs ont peaufiné la profondeur et soigné la galerie de personnages• le dessin efficace à l'élégance très années 50 de Steve Rude, qui ne renonce jamais face à la difficulté et ceci sans délaisser la lisibilité. Le plus louable étant que son style ne paraît ni démonstratif, ni laborieux. La crème des dessinateurs pour les scénaristes  : "– Tu peux me dessiner cette scène de bataille, mais vu depuis le haut de la tour ? – Pas de problème. Tu veux aussi dans la vitre le reflet des gens qui observent depuis l'intérieur ?"

Le pack que nous présentons ici comprend les 12 tomes édités par Dark Horse Archives entre 2005 et 2011. Ils ont des couvertures cartonnées ornées de jaquettes. Chacun d'entre eux valait 49,95 $. Nous vendons l'ensemble (en bon état) pour 180 €. Cela semble assez raisonnable.Pour finir quelques visuels extraits du semic book (oui maintenant que le paquet est fait, je vais pas tout déchiqueter pour photographier l'intérieur des Dark Horse !).

 
ELRIC PAR FRANK BRUNNER
 

Rue Serpente je vois la présence de l'œuvre de Michael Moorcock à travers ce portfolio Elric de 1979, tiré à 1000 exemplaires numérotés, tous signés par Frank Brunner, un artiste qui œuvra aussi sur Conan. Personnellement ces images me sont familières car elles agrémentaient plaisamment la version française du jeu de rôle Stormbringer  (1987 chez Oriflam).Un sympathique objet. La chemise du portfolio est un peu défraîchie, notamment dans son angle supérieur gauche, mais les 7 planches à l'intérieur sont indemnes. Son prix est de 48 €.

 
AGGIE N°3 : SACHEZ RECONNAÎTRE L'EO
 

Une correction pour le BDM

Je n'ai jamais lu Aggie, une série qui paraît pourtant inventive malgré son grand âge.

Je voulais juste noter ici que nous avons récupéré pas mal de vieux (années 40 et 50) exemplaires de cette série franco-belge que les japonais auraient peut-être qualifiée de "shōjo".J'en profite pour inscrire ici que le n°3, Aggie Vedette de la télévision, éditions SPE, 1951, existe avec un prix de 15 centimes inférieur à ce que répertorie le BDM (un ouvrage de référence pour les collectionneurs de BD, pour ceux qui débarquent ici) pour identifier l'édition originale.

Les prix ayant l'incroyable propriété de ne presque jamais baisser sur le circuit du neuf, j'en conclus que l'ouvrage de référence doit être corrigé sur ce point. L'édition originale du tome 3 se reconnaîtra donc dorénavant à un prix indiqué sur le premier plat de 60 francs ("fr.") et  non plus 75 francs !

un exemplaire bien fatigué, mais complet !

un exemplaire bien fatigué, mais complet !

Qui a dit "on s'en fout !" ?